le chien de travail doit être considéré comme un véritable athlète

 
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L'homme d'attaque doit devenir l'exitation-clé du comportement de proie
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Notions et lois fondamentales d'éthologie (lien*)

 

A ) L' appétence, l'excitation-clé, l'acte instinctif, l'acte final et le but de l'instinct.


Les attitudes par lesquelles un animal sans apprentissage préalable se met en rapport avec son environnement, sont appelées " acte instinctif ". Pour qu'elles soient efficaces, il faut normalement que deux conditions soient remplies : d'abord, le chien doit avoir à sa disposition l'instinct nécessaire et le comportement (motivation) ou "appétence spécifique". Celle-ci sera destinée aux événements conscients de la vie du chien par l'interactions de plusieurs glandes et effets physiques (excitation interne, la faim par exemple quand l'estomac est vide) . Pour cela, il existe une machinerie physique animale qui agit comme mécanique d'impulsion : elle n'attend pas passivement l'arrivée d'événements, mais cherche à permettre la mise en œuvre d'attitudes appropriées aux différentes "atmosphères".   En second lieu, une excitation-clé (stimulus, pluriel stimuli) doit déclencher un acte instinctif.
L'acte instinctif sera circonscrit, dans la plupart des cas, à un "acte final" simple et court, bien souvent très rigide et immuable. L'acte final agit en direction opposée de l'acte d'appétence, consommateur d'instinct, satisfaisant l'instinct et diminuant la pression. Avec l'épuisement de l'acte final, la "cible biologique" qui est le but de l'instinct d'une séquence entière de comportement, est atteinte. Cet état d'équilibre diffère légèrement de celui du départ car l'animal aura engrangé une expérience supplémentaire. Les échéances suivantes peuvent survenir après des intervalles de temps très variables.
La phase consommatoire, (acte final) acte consommatoire des éthologues et acte central de la séquence comportementale, par exemple l'ingestion de la proie, permet la satisfaction de la motivation (ici, la faim).La phase consommatoire peut également être la phase appétitive d'un autre comportement !
Un animal qui a mangé peut avoir soif.

 

 

B ) La réaction gratuite, le mouvement intentionnel


Si un instinct ou si le refoulement de l'excitation interne est excessivement élevé et si l'excitation-clé spécifique nécessaire est absente, alors, il ne peut y avoir de déroulement spontané de l'acte instinctif. On décrit cet événement d'acte gratuit : il est destiné à protéger le système nerveux des dégâts dus à un insupportable refoulement de l'excitation. La disposition d'instinct en tant qu'impulsion ne réussit pas à amener, grâce à une excitation-clé, le déroulement d'une chaine complète d'actes, elle persiste dans un signe, dans une mise en œuvre du mouvement. Si la disposition d'instinct est encore moindre, il n'y aura aucune réaction, même en présence de l'excitation-clé.
Le contraire de la réaction gratuite est le mouvement intentionnel.

 

 

C ) Les comportements de conflit


Normalement, la situation extérieure et l'instinct se différencient de manière non équivoque pour savoir quelle attitude appeler en face d'une situation donnée. Il peut cependant arriver, par hasard, que deux tendances non compatibles s'activent simultanément et presque aussi fortement l'une que l'autre et qu'aucune d'entre elles ne domine clairement. Dans ce cas, on peut arriver à un conflit qui s'exprime de trois manières : par un comportement ambivalent, par un comportement polyvalent ou par un franchissement. Une telle répression réciproque est connue dans beaucoup de comportements. Très souvent, elle intervient entre des fonctions différentes. Elle est très développée dans des domaines antagonistes entre des comportements de fuite et d'agression. On peut, ici, observer souvent des actes typiques de substitution comme : menacer, aboyer, marquer, gratter, bâiller, etc... Toutes les formes de réaction dénotées ont le même effet: elles conduisent à une détente de la situation, à une disparition du conflit. L'équilibre doit être reconstruit en faisant agir ailleurs l'énergie instinctive accumulée.
Les mouvements ambivalents sont une combinaison de plusieurs instincts non compatibles, le plus souvent, la combinaison simultanée de leur mouvements intentionnels, la plupart sous la forme d'actes corporels définis, ou leur succession rapide, le plus souvent répétés d'une manière aléatoire. Ainsi, on peut voir dans le comportement de menace du chien, des éléments de fuite ou d'attaque.
Les mouvements polyvalents sont aussi un acte de substitution qu'on observe surtout au cours des conflits entre les comportement de fuite et d'attaque. Une attitude entre en action, son action est pourtant détournée en direction d'un objet destiné à l'amortir. Si par exemple, un animal est menacé par un congénère d'un rang supérieur, la réaction ne sera pas , le plus souvent, dirigée vers l'attaquant , mais au contraire vers un congénère d'un rang inférieur.
Cette attitude est probablement responsable de ce que bien des chiens deviennent agressifs envers l'homme d'attaque à cause de la dureté du maître, il à déjà été noté dans des expériences sur le comportement d'agression, que parfois le collier à pointes ou les chocs électriques de forte intensité, agissent en développant l'agressivité.
Enfin il y a encore des situations de conflit dans lesquelles "ce qu'on attend" (c'est à dire des attitudes adaptées à la situation), ne se produit pas, mais on voit arriver autre chose, complètement "fou", dans cette circonstance. Ce comportement de franchissement se produit toujours quand deux tendances incompatibles sont activées simultanément avec à peu près la même intensité et sont réprimées toutes les deux. A l'éclatement apparaît le plus souvent une troisième tendance - quoique plus faible - qui restait cachée. La plupart des attitudes qui apparaissent sont complètement activée, comme le mouvement de prise de nourriture, les soins corporels, les soins à la nichée.
Des indices typiques de l'existence d'un conflit sont les actions de redoubler de bâillements dans des situations incongrues, de trembler, de baver, de sauter à tort et à travers, de gratter le sol ou les murs, de gémir, de se vider, de vomir ; certains chiens lèvent sans arrêt la patte pour uriner, ou se couchent dans des positions inconfortables et insatisfaisantes, comme si ils voulaient dormir. Ils peuvent aussi exprimer des mouvements instinctifs incomplets (mouvement intentionnel) qui ne conviennent pas à la situation. On connaît aussi le grattage surexcité, très fréquent et le fait de se secouer ou de se lécher les pattes qui sert de dérivation à l'excitation dans des situations embarrassantes.
Chaque situation de conflit représente pour le chien une grande pression nerveuse. Certains chiens supportent une haute pression, d'autres montrent une détérioration précoce des nerfs ou de l'organisme, ou des deux, observable sur des chiens dressés conformément au "dressage traditionnel des chiens de défense", c'est à dire par le service de défense obtenu par le seul instinct de défense, où dès le départ comme déjà vu, on trouve le conflit entre comportement de fuite et d'agression. Si on doit dresser un chien au mordant par l'instinct de défense, on sera, en cours de route, touché par ce conflit. On arrive à des phénomènes de surexcitation nerveuse dans des conflits anciens ayant une source non biologique, ces phénomènes (angoisse excessive, destruction des contacts sociaux, impuissance et destruction des contacts sexuels inclinaison vers des stéréotypes, va et vient des animaux de zoo devant leur barreaux, saleté de la niche, méchanceté entre autre) peuvent résister obstinément en tant que causes névrotiques durables, pendant toute la vie. Les chiens ayant de tels troubles du comportement vont souvent complètement tromper les cynophiles et être considérés comme de bon chiens de défense.
Mais la détérioration nerveuse n'est pas toujours le stade final. Souvent on peut observer des formes végétatives de névrose organique sous forme de phénomènes de surexcitation psycho réactive, s'exprimant par la destruction de l'appareil digestif, circulatoire, respiratoire et de l'appareil cervical et sexuel. Le facteur temps y joue très souvent un rôle important. Il peut, par des pressions psychiques de courte durée, conduire seulement à une détérioration des fonctions dominantes et par des pressions plus durables, à des maladies chroniques, constatables par des dommages organiques : mauvais poil, allure bringballante, eczéma, lenteur de cicatrisation, manque de résistance à l'infection, blanchissement rapide, sénilité, rhumatismes musculaires et articulaires et bien d'autres choses. Les cynophiles dépensent un tas d'argent pour des médicaments au lieu d'«humaniser» leur méthodes de dressage et de procurer au chien une vrai vie de chien. Il convient de doser individuellement le développement de l'instinct de défense et pas toujours très massivement, pour que le chien s'en trouve bien, car de telles surcharges dommageables, mais aussi le sous-développement , sont évités.
Pour le dire clairement, les contraintes venues du maître ou de l'homme d'attaque, ou des deux, et les comportements de défense (développement de l'instinct de défense) sont couplés et représente pour le chien une pression nerveuse extrême, à cause de laquelle plus d'un maître à perdu son chien.

 

 

D ) La résultante des excitations


Dans beaucoup d'attitudes, il n'y a pas qu'une seule excitation de déclenchement, mais plusieurs qui peuvent mettre en route, d'elles-mêmes ou toutes ensemble, le mouvement voulu. Dans ce cas, on peut développer les excitations dans leurs actions mutuelles. Le phénomène du renforcement concomitant n'est jamais contrarié par les excitations d'ordre différent. Bien plus la même excitation, si elle est présentée par le même émetteur de plusieurs manières ou par plusieurs émetteurs de manière simultanée, peut avoir un effet proportionnellement plus fort. La valeur totale d'excitation d'une situation se compose aussi de la réunion de tous les éléments d'excitation qui entre en scène. Ceci ne signifie pas que les unités d'excitation s'ajoutent simplement, mais au contraire, qu'elles s'encouragent mutuellement sans représenter effectivement la somme exacte des excitations. Il s'agit en quelque sorte d'un renforcement mutuel des diverses excitations.
Ces lois entrainent pour le dressage du chien de défense , les corollaires suivants : si je veux amener un chien à un comportement de proie plus fort, je peux répéter plusieurs fois l'excitation de proie. Autrement, je peux aussi soumettre le chien à un encouragement à bien mordre, en vue d'un dressage compris comme un tout, si je lui fournis toutes les possibilités d'instinct qui le motiveront, c'est à dire que je devrai encourager le chien dans l'instinct de proie, de défense et d'agression. La conclusion logique de l'encouragement de l'instinct, c'est que finalement, par sa seule intervention au cours du dressage, l'homme d'attaque doit amener les instincts de proie, de défense et l'agressivité sociale, à un seuil de déclenchement.

 

 

E ) La fatigue spécifique à l'action et à l'excitation


Tout aussi simplement qu'on a décrit précédemment l'excitation d'un chien, il ne sera pas difficile de saisir qu'il existe un adversaire : la fatigue.
La plupart des attitudes sont pleinement susceptibles d'un déclenchement renouvelé, même après leur précédente intervention. Pour d'autres, au contraire, il faut une plus longue période de récupération. Cette fatigue spécifique à l'action est elle-même quelque fois une action entière. Si les comportements sexuels ou la mise en œuvre de la fonction de nutrition (instinct de proie) peuvent intervenir irrégulièrement, les comportement de fuite et de défense doivent être disponibles en permanence.
Une autre forme de fatigue, est la fatigue spécifique à l'excitation. Il s'agit de la diminution de la capacité de répondre à une excitation donnée. Si on donne à un carnassier plusieurs proies coup sur coup, il réagit les première fois, mais après plusieurs répétitions, ça ne l'intéresse plus. Il ne s'agit pas de fatigue corporelle, mais de fatigue spécifique à l'action, car il peut réagir à une autre excitation. Il est intéressant aussi de savoir qu'une fatigue spécifique à l'exitation peut survenir si l'attitude appropriée n'est pas apparue.

En éthologie, un stimulus est un agent externe - objet, événement, aspect, changement d'aspect… - ou un agent interne - émotions, hormones…-, susceptible d'influencer le comportement du sujet. Les stimuli-clés (ou signal) sont des stimuli externes qui sont des clefs ouvrant les serrures des filtres neurologiques.
Le système sensoriel filtre les éléments les moins signifiants de l'environnement : sans cette occultation nous serions submergés par toutes les stimulations extérieures. Ces stimuli sont donc, dans ce cas, des stimuli déclencheurs qui provoquent différentes actions de l'individu qui peuvent être :

  • innées
  • acquis qui influencent une réponse comportementale (stimulus orientateur ou directeur).

Les stimuli-agents déclenchent des comportements, un peu comme des réflexes, et sont présents chez des organismes simples pour filtrer les stimuli extérieurs : ils sont souvent à la base des comportements taxiques ( lien ) .
Certains stimuli, dits motivationnels, ne déclenchent aucune réaction observable, mais abaisse le seuil de réponse de déclenchement d'un comportement (potentiation).

 

Dans le cas un peu spécial des conditionnements, un stimulus peut être:

  • neutre - un stimulus neutre est un stimulus qui ne déclenche aucune réponse de la part de l'animal.
  • inconditionnel - un stimulus inconditionnel est un stimulus qui déclenche une réponse régie par la " nature " de l'animal, c'est-à-dire par les lois de sa physiologie. Par exemple, le chien salive en présence de nourriture.
  • conditionnel - un stimulus conditionnel est un stimulus neutre qui déclenche une réponse dite conditionnelle lorsqu'il est associé à un stimulus inconditionnel. La clochette est un stimulus conditionnel dans l'expérience de Ivan Petrovitch Pavlov ( lien ) (1849-1936).
  • discriminatif - un stimulus discriminatif est un stimulus en présence duquel la probabilité ou la fréquence d'une réponse est modifiée dans le sens d'une augmentation (positif) ou d'une diminution (négatif).
  • appétitif - un stimulus appétitif est une stimulation plaisante, agréable, désirable, qui tend à la satisfaction, dont l'animal veut se rapprocher ou qui provoque des sensations ou des réponses de bien-être.
  • aversif - un stimulus aversif est une stimulation déplaisante, désagréable, indésirable, qui tend à la dissatisfaction, dont l'animal veut s'éloigner ou qui provoque des sensations et des réponses de mal-être, de douleur ou de peur.
  • disruptif - un stimulus disruptif est un stimulus sans relation fonctionnelle avec la séquence comportementale en cours: il l'interrompt et provoque un comportement d'attente (phase d'expectative).

Pavlov et ses collaborateurs avaient remarqué assez  rapidement au cours de leurs expériences de conditionnement que les chiens présentaient des variations individuelles importantes : soumis à une même situation expérimentale deux chiens ne vont pas apprendre aussi vite l'un que l'autre, et éventuellement l'un pourra présenter des troubles névrotiques, tandis que l'autre s'adaptera facilement. La constatation de telles différences comportementales amena Pavlov à élaborer sa théorie des «types nerveux » et à se poser la question de l'origine congénitale ou acquise de ces types.
Les expériences de Pavlov sur ce problème sont peu nombreuses, mais elles ont été complétées de façon appréciable par Krushinskii (auteur chargé pendant la guerre des chenils de l'Armée-Rouge).
Krushinskii eut les moyens de reprendre certaines hypothèses avec un important matériel expérimental. Chacun sait que les réactions en présence d'un étranger varient selon les chiens. Certains lui feront face, voire l'attaqueront (Réaction de Défense Active), d'autres au contraire seront apeurés et iront jusqu'à fuir (Réaction de Défense Passive).
Cent quarante-deux airedales et cent soixante-deux bergers allemands furent divisés en quatre lots. Deux lots (un de chaque race) furent confiés à des particuliers et les chiens furent ainsi élevés en contact avec la diversité du monde extérieur ; un autre lot de chaque race fut élevé isolé dans des chenils.
En étudiant la Réaction de Défense Passive de ces chiens devenus adultes, Krushinskii fit plusieurs constatations.
Premièrement, en comparant les bergers allemands élevés en liberté aux airedales élevés dans les mêmes conditions, il observera une proportion plus grande et un degré plus élevé de Réaction de Défense Passive chez les bergers allemands.
Deuxièmement, l'élevage dans des conditions d'isolement aura augmenté à la fois la fréquence et le degré d'expression de la Réaction de Défense Passive chez les deux races de chiens par rapport aux sujets qui ont été élevés au contact du monde extérieur; mais, d'autre part, cette accentuation aura été plus nette chez les bergers allemands élevés isolement que chez les airedales.
Krushinskii conclura qu'une réaction de défense passive est formée par l'interaction des influences du génotype et des conditions extérieures de l'élevage
Que les conditions d'élevage influencent le comportement ultérieur des animaux amènerons les scientifiques à se demander quels sont les facteurs actifs de l'environnement. Anisi pour comprendre l'influence sociale sur le développement psychophysiologique des jeunes chiens il est maintenant important de ne pas oublier d'inclure comme facteur, l'expérimentateur lui-même dont le contact avec l'animal, même réduit à une stricte neutralité, n'est pas totalement indifférent. Autrement dit, il apparaît que toute expérience scientifique sur une espèce animale donnée est en fait en même temps une situation interspécifique où l'animal humain ne peut manquer d'intervenir en tant que tel.

 

 

 

(*) Deux grands courrants d'études s'opposent :

  • Le behavionisme : études faites uniquement en laboratoire

Le behaviorisme naît d'une volonté d'abandonner toute forme de " mentalisme " et d'un souhait de se doter d'une méthodologie scientifique. Pour cela et avant tout, la priorité est donnée à l'observable (ce qui entre et ce qui sort : input et output) et au rejet de facultés jugées difficilement mesurables et susceptibles d'échapper à toute analyse : la conscience, l'intentionnalité, le raisonnement, la logique, les états mentaux, les représentations mentales. Au départ, c'est Edward Thorndike (1874-1949) qui reprend les idées de l'école allemande, mais également d'Alexender Bain (1818-1903) sur le rôle du plaisir et de la douleur dans les phénomènes d'apprentissage.
Le behaviorisme est principalement préoccupé par la recherche de lois générales sur l’apprentissage, Thorndhike découvrira la loi de l'effet et la loi de l'exercice ou de la répétition.
Burrhus Frédéric Skinner (1904-1990) conduit de très nombreuses études en laboratoire sur un petit nombre d'espèces (rat surtout). Skinner développe un modèle qui tolère uniquement le conditionnement répondant de Pavlov (c'est-à-dire réflexe) et opérant (c'est-à-dire pensé).Les behavioristes négligent la dimension phylogénétique, évolutive et adaptative des comportements. Les expériences menées mettent en jeu des stimuli contrôlables, évoquant de manière constante des comportements dont la reproductibilité permet d'établir un certain nombre de lois. Les behavioristes maîtrisent parfaitement l'environnement expérimental afin de contrôler séparément tous les facteurs susceptibles d'agir sur les comportements

Au cœur du courant behavioriste dans les années 30, on voit se développer des travaux qu'on peut qualifier de précurseurs en matière de cognition animale. Edward Tolman (1886-1959) et Clark Leonard Hull (1884-1957) donneront les premières impulsions aux travaux sur la représentation animale, et ouvriront la voie à une révision du dogme behavioriste.
Clark Leonard Hull introduit les " variables intermédiaires  comme la motivation, qu'il appelle " niveau de besoin  " et la " force de l'habitude " qui permet à l'animal d'anticiper un comportement par une forme de représentation (Principles of Behavior, 1943). Il est le fondateur de ce qui aura une grande influence sur la psychologie par ce que l'on appelle l'école de Yale. Il étudia l'hypnose et fut le maître du grand psychiatre Milton Erickson. Par contre, sa vision behavioriste est à l'origine de l'échec de sa théorie.
Edward Tolman est un des premiers à proposer des concepts " mentalistes " qui régissent les actions de l'animal. Il est à l'origine de l'école américaine de la " Purposive Psychology " (" psychologie intentionnelle ou téléologique "), aux théories vitalistes très affirmées. La notion d'apprentissage latent constitue une des contributions majeures de cet auteur en matière de cognition.

  • L'éthologie objective: études et observations en milieu naturel

En réaction au Behaviorisme se développe alors l'éthologie animée par des naturalistes comme Konrad Lorenz (1903-1989) et Nikolaas Tinbergen (1907-1988) qui affirment que l'étude des comportements des animaux doit se faire dans leur milieu de vie naturel.

En effet, les conditions expérimentales utilisées en laboratoire peuvent elles-mêmes faire naître des comportements ou empêcher leur apparition. Les objectifs sont ici de rendre toute la dimension adaptative et écologique aux comportements étudiés chez l'animal.

Nikolaas Tinbergen travailla beaucoup avec Lorenz et découvrit les " activités de substitution " qui lui donna une notion de hiérarchie dans les actes selon un modèle énergétique cher à Lorenz qui sera battu en brèche plus tard. Karl Von Frisch (1886-1982) travailla sur les insectes et les poissons et découvrit le langage des abeilles.
Les travaux de Konrad Lorenz, Nikolaas Tinbergen, Karl Von Frisch ne seront pourtant reconnus au sein de la communauté scientifique que bien plus tard, lorsqu'ils recevront le prix Nobel de médecine en 1973 « pour leurs découvertes sur les types de comportement (social et individuel) des animaux » Ils ont respectivement 70, 66 et 87 ans.

Ce prix symbolise la reconnaissance de l'intérêt de leurs travaux pour l'étude du comportement humain. Toutefois, aucun d'entre eux n'a travaillé sur l'homme, mais leurs études sur les autres espèces ont pu être extrapolées. En définitive, lorsqu'il étudie un non-humain, l'homme s'étudie lui-même et parle toujours et encore de lui.

Tous ces éthologues soutiendront que l'instinct est inné et héréditaire et l'apprentissage le complète, mais avec des prédispositions innées à apprendre. Ils se battront contre les behavioristes qui soutiennent que c'est l'environnement qui détermine l'apprentissage.

 

 

Aujourd'hui, les théories cognitives considèrerent que le connexionnisme ou behaviorisme est seulement une des nombreuses manières permettant d'expliquer le comportement. Les scientifiques se sont rendu compte que cette querelle était stérile et que les comportements ont en général des déterminants habituellement classés en deux catégories :

  • les déterminants internes, ou facteurs génétiques
  • les déterminants externes ou facteurs environnementaux - environnement, expérience

Il a fallu cependant attendre les années 75 pour voir s'exprimer les voeux de certains éthologistes du développement d'une éthologie cognitive.

Les travaux d'Edward Tolman et ceux qui suivront souligneront la nécessité d'introduire entre le stimulus et la réponse des " variables intermédiaires ".

  • La notion de variable intermédiaire désigne les processus, généralement non observables du point de vue de l'expérimentateur, qui modulent les relations entre un stimulus et la réponse d'un organisme à ce stimulus.
  • Les facultés de représentation en sont le prototype même, elles signent la capacité d'un animal de réactiver et utiliser une information qui n'est pas immédiatement disponible dans son environnement.

Elles impliquent une capacité à former une trace d'un stimulus, autrement dit à le conserver en mémoire et à réactiver mentalement ce stimulus rencontré préalablement (Vauclair, 1996).
L'animal a les capacités de catégoriser son environnement et de se le représenter. L'apprentissage, par exemple, est une variable intermédiaire

Pour les cognitivistes, l'apprentissage est une modification des représentations que se fait l'animal de son milieu. Par l'apprentissage, il acquiert des connaissances sur des régularités existant dans son environnement, ce qui peut provoquer une modification du comportement ou non.

Donald Redfield Griffin (1915-2003) fut un des premiers à prôner l'idée que les comportements des animaux sont guidés par des processus cognitifs complexes, et plus particulièrement dans le domaine social (The Question of Animal Awareness, 1976).

Comparativement à aujourd'hui, les propositions de Griffin souffrent d'une absence de méthodologie appropriée, de définition rigoureuse sur les concepts de pensée, de conscience, d'état mental, d'esprit. Elles eurent néanmoins l'intérêt de marquer un renouveau important dans ce domaine et de donner un coup d'arrêt au projet behavioriste.

 

Exemple célèbre d'intelligence animale :« Hans le Malin » . On pourra toujours se demander ce qui aurait pu arriver si Hans n'avait pas été un cheval mais un chien.................

 

Toute l'œuvre de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788) ( grand naturaliste auteur d'une l'histoire naturelle en 36 volumes ) peut être consultée en ligne : www.buffon.cnrs.fr

 

 

 

Aristote (382-324 av.JC)

 

Courant naturaliste
Courant mécaniste
Courant neurophysiologique
 
Descarte (1596-1650)
 
Réaumur (1683-1757)
Buffon (1707-1788)
Courant préphychologique
Lamark (1744-1829)
Romanes (1848-1894)
Ivan Setchenov (1829-1905)
Darwin (1809-1882)
Morgan (1852-1936)
Pavlov (1849-1936)
Schneirla (1902-1968)
Watson (1878-1958)
 
Lorenz (1903-1989)
karl Lashley (1890–1958)
 
Bateson (1904-1980)
Skinner (1904-1990)
 
Timbergen (1907-1988)
Dominique Muller (1956-2015)
Ethologie
Psychologie expérimentale
Neurosciences

 

 

Limite des Neurosciences et difficulté de faire de la science en générale au 21ème siècle: « A la différence des sciences dites "dures" (physique et mathématique), les disciplines "molles" comme la biologie ne sont pas "exactes", en raison des différences qui existent entre les individus. "Les variables" sont très nombreuses.
Si vous réalisez une imagerie du cerveau de deux individus, ils se ressemblent, mais ne sont pas identiques, puisqu’il y a des différences génétiques et d’autres liées à l’environnement. C’est pour cela qu’il n’existe pas deux cerveaux semblables.
Problème: une expérience qui ne fonctionnerait que sur un seul cobaye ne présente aucun intérêt. Pour rendre leurs travaux reproductibles, les scientifiques les réalisent sur des cohortes d’individus, exactement comme un nouveau médicament est testé sur des dizaines d’animaux, puis d’humains avant d’être mis sur le marché. Plus le nombre de cobayes est élevé, plus les résultats seront fiables. Et c’est là que le bât blesse: la plupart des recherches s’appuient sur des échantillons trop petits.
Des chercheurs de Bristol ont pris l’exemple des tests où l’on place des rats dans un labyrinthe afin d’évaluer leur mémoire. Pour obtenir une conclusion statistiquement fiable à 80%, il faut au minimum 134 animaux par expérience. Pour monter à 95%, 220 sont nécessaires. Or, en moyenne, les études en question n’en utilisent que 22. Tous domaines confondus (imagerie, modèles animaux, etc.), la fiabilité moyenne des recherches en neurosciences est comprise entre 8 et 31%. » Pr. Dominique Muller

Autre écueil mis en avant par Denis Duboule, directeur du pôle de recherche national Frontiers in Genetics  et professeur à l’UNIGE: « Les scientifiques ont l’obligation de publier des articles, selon la célèbre règle "publish or perish". Cette course les pousse à multiplier les études et à les réaliser le plus rapidement possible. Ensuite, vous proposez vos résultats. S’ils sont peu significatifs, les meilleures revues (Nature  et Science ) les refusent. Alors, vous allez en voir une moins bien, puis une autre, puis une autre… A la fin, il y a forcément un journal que personne ne lit qui les accepte. Le résultat de l’étude sur les neurosciences m’aurait paru plus intéressant s’il n’impliquait que les meilleures revues. Pour autant, Nature  et Science  ne sont pas exemptes de résultats peu convaincants: "Il s’agit d’un business". Les publications ont besoin de se vendre. Elles préfèrent donc les résultats les plus "sexy", même si leur fiabilité est sujette à caution.» Pr. Denis Duboule

 

Le fameux « Je pense, donc je suis » a été remis en cause dans les livres d' Antonio Damasio. " l'erreur de Descartes : la raison des émotions " et " Spinoza avait raison : joie et tristesse, le cerveau des émotions " où il inverse la proposition de Descartes en redonnant aux émotions un rôle dans le raisonnement et la prise de décision, soit : « Je suis, donc je pense ».

« Donc, à mes yeux, le fait d'exister a précédé celui de penser. Ceci est d'ailleurs vrai pour chacun de nous : tandis que nous venons au monde et nous développons, nous commençons par exister, et seulement après, nous pensons,. Nous sommes, et ensuite nous pensons, et nous ne pensons que dans la mesure où nous sommes, puisque la pensée découle, en fait, de la structure et du fonctionnement de l'organisme. »  Antonio Damasio : " l'erreur de Descartes " p : 311

 

 

 

 

 
     
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